[Place des Terreaux. L'artiste Daniel Buren et son oeuvre]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTL0187 13
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
description Reportage photographique réalisé dans la journée du 20 décembre 1994, peu avant l'inauguration officielle de la place des Terreaux prévue en soirée.
historique Après une avant-première, le 8 décembre 1994, l'eau jaillit officiellement place des Terreaux depuis le 20 décembre. Une place voulue pour symboliser le mariage de l'art et de la ville.
historique Sans le déplacement de la fontaine Bartholdi, le projet n'existait pas, répète aujourd'hui Daniel Buren. A en juger par l'attraction magique qu'exerce l'attelage fougueux depuis sa mise en lumière et les reflets de l'eau sur les façades, ce troisième fleuve qui jaillit de la Croix-Rousse a réussi sa migration et semble séduire les Lyonnais. Donnant en même temps une dimension plus monumentale à la place, l'allégorie faisant revivre la façade architecturée du Palais Saint-Pierre. Le 20 décembre 1994, ce n'est pas une place, mais une oeuvre d'art qui a été inaugurée. Point de ruban à couper, mais une plaque commémorative qui porte le titre de cette oeuvre : "Déplacement / jaillissement. D'une fontaine, les autres". Il y avait (mal)heureusement trop de monde, au moment de l'inauguration, pour apprécier tous les effets des jeux d'eau et de lumière qui doivent envahir la place. Non seulement les officiels, mais de nombreux Lyonnais traquaient l'apparition des colonnes d'eau, ne permettant pas la vue d'ensemble que l'on pourra avoir de la place au quotidien. A l'heure dite et la nuit tombée, les naseaux des chevaux se sont mis à cracher, l'eau jaillissant de la statue refaisant surface sur toute la place à travers le chiffre magique des soixante-neuf fontaines. "Ceci n'est pas une pipe. Comme le paradoxe du peintre Magritte qui invitait l'observateur à constater que l'évidence apparente de l'objet représenté n'était justement qu'une représentation, en voyant cette place des Terreaux, je suis tenté de dire, de la même manière, ceci n'est pas une place", a déclaré Michel Noir dans son discours inaugural, avant de regarder les différentes séquences programmées dans les jeux d'eau. Il y aura une version pour l'hiver, moins haute, et un jaillissement d'été, plus élancé, jusqu'à deux mètres cinquante les jours de fête, pour désaltérer la place. La nuit, par un jeu de fibres optiques, l'eau emprisonne la lumière, et les colonnes d'eau virevoltante servent de réverbère et ajoutent à la magie. Il peut y avoir de simples miroirs d'eau qui reflètent les façades. Ou pas d'eau du tout, et là, la place retrouve une certaine "lyonnitude". Et cette impression d'oasis de la ville est renforcée par l'absence quasi-totale de ses signes habituels. Exception faite des voitures et bus qui circulent au sud, pas un panneau, pas un édicule, pas un signe du mobilier urbain habituel ne pénètre sur l'espace ainsi dégagé. La place est en fait à mille facettes, même si elle semble décevoir quelques-uns qui auraient voulu de la verdure, des bancs et des arbres. "Nous avons voulu créer des moments différents dans la ville. Il y a le jardin du musée Saint-Pierre ou la place de la Bourse et aussi la place des Terreaux", a justifié Henry Chabert. Pour le maire de Lyon, cet art au coeur de la cité, qui se retrouve aussi dans les derniers parcs de stationnement construits, est "mieux que le 1% culturel" obligatoire : "La qualité et le beau sont propagateurs d'effets secondaires, ils génèrent plus de plaisir et plus de respect", a-t-il justifié. Dix mois de travaux ont été nécessaires pour réaliser le projet Buren-Drevet après la construction du parc de stationnement souterrain. L'inauguration initialement prévue le soir du 8 décembre a été décalée de deux semaines, le temps de procéder aux essais et réglages, et de tenter de dompter les derniers caprices de l'eau. Il y a longtemps que les passants avaient perdu l'habitude de marcher sur cette place symbolique et stratégique de la ville, au croisement du pouvoir politique, de l'art et du spirituel, du commerce et de l'esprit rebelle de la Croix-Rousse - ce dernier n'était pas tout à fait absent d'ailleurs lors de l'inauguration. Reste à savoir maintenant comment les Lyonnais vont s'approprier leur nouvelle place. Source : "La place rendue au Lyonnais" / Frédéric Poignard in Lyon Figaro, 21 décembre 1994, p.1.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP07216.

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